vendredi 13 décembre 2013

Le Chercheur d'Or

C’est une nuit de décembre, les étoiles sont radieuses, la lune est un énorme croissant d’argent, l’air est stagnant, glacé. Dehors rien ne bouge, pas même un frémissement, le destin semble suspendu, le temps figé dans sa course. Il y a comme quelque chose de mystique cette nuit.

Je repense à toutes ces âmes avec lesquelles je me suis mêlés, tous ces corps auxquels je me suis abandonné. Tout cela forme en moi comme une immense mer de solitude dont la surface n’est troublé que par la dérive de mon esprit. C’est bien aussi, se laisser aller au fil de l’eau, on se sent porté et on avance ainsi en espérant qu’un truc finira bien par nous arriver, une île, un navire, un récif. N’importe quoi mais pas la noyade.

C’est comme ce soir là, tu es rentré chez toi, sans un mot, sans même te retourner, ce n’était pas nécessaire, on avait compris que c’était la fin, la vraie. Dès le début on savait tout deux que ce ne serait pas le genre d’histoire qu’on termine par « et ils vécurent heureux ».

Tu te désoles que je te donne de l’or, mais qu’entre tes doigts ce ne soit plus que du sable stérile. Plus je donne et plus tu t’enlises, tu ériges des murailles éphémères que les vagues auront tôt fait d’emporter. Pour finir, tu creuses, persuadé qu’après tout, tu trouveras peut être la pépite parmi tous ces grains.

Depuis je ressent se vide à la place que tu occupais, même si c’est toujours moins blessant qu’une écharde planté dans le coeur. C’est un hiver sans fin qui s’installe, une sensation d’apaisement l’accompagne et la vie se fige sous la neige en attendant de renaitre, car c’est ainsi que tourne le monde.

Il m’a fallut un peu de temps pour comprendre pourquoi la vie cherchait à me donner encore la même leçon. Je t’ai accepté, je t’ai aimé du mieux que je pouvais, sans conditions, sans attentes et persuadé que j’en mourrais avant de pouvoir en profité. Je t’ai aimé de cet amour noble qu’on ne trouve que dans les contes, mais les histoires restent des histoires et nous avons déjà vécu la notre. Ce n’était pas suffisant, pas assez pour te garder prêt de moi, tant pis et merci pour ce joli chapitre partagé avec toi.
Je m’imagine prédestiné à vivre une tragédie, écrire en vain encore et toujours, un rôle qui me convient bien dans le fond, je ne sais toujours pas comment être aimé.

mardi 19 novembre 2013

Effets Secondaires

Une heure quinze du matin et soir de semaine, encore seul dans mon pieu, je zone sur internet. Réseaux sociaux, sites de rencontres, tchats, je les ai tous fait vos soi-disants paradis virtuels. Je suis un zombie qui cherche désespérément un coeur à connecter, j’erre en croyant encore aux miracles dans ce monde où tout est un chiffre et une opération.

Je n’ai pas changé, je n’ai pas grandit, c’est pire que ça. Je suis un loup sans meute et pourtant je crève d’envie d’être des vôtres. Même si vous êtes des chiens, même s’il faut se battre, même s’il n’y en aura pas pour tout le monde.

J’oublie ce que ça fait, les rires, le bonheur, la quiétude. C’est simple, rassurant et tout devient désirable. La joie est une drogue dont on ingurgite les pilules sans se soucier du lendemain. On se bourre la gueule à coup de fous rires sans s’imaginer la cuite qui nous attend.

Ce soir plus qu’un autre, je suis seul, mon âme s’est replié dans un recoin sinistre de moi-même dont je préfère vous épargnez les détails. Je me sent abandonné et stupide.

J’ai vidé mes poches sur la table, fouillé mon sac comme un forcené, prit de détresse j’ai demandé « à l’aide », la douleur est revenu. Si seulement il me restait une goutte de cette félicité à m’injecter, une poussière de sérénité à renifler. Je suis en manque.

Hystérique, je me démène avec mes pensées, je voudrais lacérer ton coeur jusqu’à ce qu’il soit en miettes, enfin peut être serais je soulagé. Je suis devenu un monstre, un accro, mon overdose ne m’a pas calmé.

Incapable de briller par moi même, recroquevillé contre ce mur froid, j’offre un pitoyable spectacle. « Rend moi ma lumière s’il te plait. » C’est trop dur de te voir jouer avec, toi qui ne la prendra jamais au sérieux. Je me sent vide, éteint, faible. J’érige une muraille d’épines, tu t’agites autour, tu te blesses et ça ne me fait presque plus rien.
Je sais qu’on ne reprend jamais ce qu’on à donné, mais rend cette partie de moi que je t’ai confié, tu n’en as plus besoin, n'attends pas que je t’implore. Tu ne me comprend pas, mon coeur gelé, égaré dans cet hiver éternel a juste besoin d’être réchauffé.

lundi 19 août 2013

La solitude du Super Héros

Est-on un super héros parce qu’on est seul, ou devient-on seul parce qu’on est un super héros ?
La réponse se trouve peut être dans ce que tous ces personnages partagent en commun :

Le chevalier noir qui se complait dans ses ténèbres, l’homme aux griffes d’acier plus sauvage qu’un animal ou encore l’enfant d’un autre monde à la force surhumaine qui cherche éternellement sa place.

Chaque homme est différent, cette différence scelle leur destinée, trainant avec elle son lot d’épreuves, de traumatismes et de séparations. C’est elle qui marque les coeurs et la plupart s’en accommodent à peu près.
Mais parfois elle les poussent à choisir entre bien et mal, car la souffrance engendre aussi la force de conviction.

Et cette force servira à se venger, envers des innocents, des criminels, parfois ce sera une vengeance contre la fatalité, voire contre soi même. Il y a ceux qui blessent et ceux qui ne supportent plus de voir la souffrance. De ce point de vue, les Bons et les Mauvais ne sont pas si distinct, ils expriment juste au monde leur malêtre différemment.

Tout surhommes qu’ils soient, ils restent fondamentalement humain dans la mesure ou leur existence n’a de sens que dans le regard de l’autre.
Toutefois, ils font face à un dilemme, un choix s’impose à eux. Celui d’aimer ou pas, prendre le risque de perdre, de blesser, de mettre en danger l’être aimé. Alors de deux souffrances on choisit celle qui préservera l’autre, c’est aussi celle qui est la plus cruelle à vivre.

L’amour est à la fois force et faiblesse pour l’homme, il faut une grande capacité à aimer pour être prêt au sacrifice et en même temps on ne peut se permettre d’aimer lorsque le sort du monde repose sur sa seule paire d’épaules car l’amour rend égoïste, il vous pousse à faire des choix cruels.

Ce ne sont pas les super pouvoirs, la force herculéenne ou de miraculeux dons génétiques qui font la différence entre les héros et les hommes ordinaires. Il faut un coeur courageux pour se priver, il faut avoir un sens de la justice inaltérable pour être juste, il faut avoir une âme pure pour accepter de laisser partir l’autre.

Renoncer et se défaire, voilà la solitude du super héros, la condition inéluctable au bon accomplissement de leur mission.
Nous avons aussi parfois ce genre de décision à prendre, et puis au bout d’un moment le chagrin fait place à un nouveau sentiment, celui d’être plus fort, plus grand et comme les super héros nous nous sentons prêts à remporter encore plus de combats.

jeudi 9 mai 2013

La Chute


Combien de chutes dans la vie d’un Homme ?

Gamin déjà je m'agrippais au dos de mon chien tel Bastien sur son fidèle Falcor, le coeur à l’aventure avant que mes rêves ne se fracassent la tête la première.

Du moment où il tente de se hisser sur ses deux jambes pour aller plus vite, celui où, griser par le risque il se laisse prendre par la vitesse du compteur.
Jusqu’au moment où il découvre de nouveaux moyens d’aller encore plus vite, plus haut.

La chute ce n’est pas seulement la gravité qui nous rappelle brutalement à elle.

Après tout ne dit-on pas «tomber amoureux». Je parle de ces rares moments de bonheur qui nous font pousser des ailes.

Un instant j’ai cru m’affranchir des lois physiques, m’envoler vers cet Eden qu’on me promet depuis bien trop longtemps.

Comme toujours, tu allais trop vite pour moi, le souffle court j’essayais quand même de te suivre. Sans réfléchir j’ai foncé vers ce domaine interdit, forêt merveilleuse traversée d’éclats de lumières irisés.
Tu empruntes toujours des chemins peu sur avec une telle assurance, je n’allais pas redescendre sur terre tout desuite.

Ironie du sort, tu t’éclipsais comme une comète alors que je m’écroulais dans ton sillage.
Un gout de sang et de terre dans la bouche, c’est mon être tout entier qui venait d’être violemment rappeler à son monde. Sale et piteux je me suis mit à hurler ma douleur et ma colère sous le regard railleur des étoiles.

Tu m’as relevé et remit en selle, on à fait demi tour, laissant derrière nous ce paradis, cette ligne d’arrivée qu’on ne semble jamais pouvoir franchir ensemble. Il ne restait plus qu’une terrible souffrance et amertume qui irradiait dans mon corps.

La chute ce n’est pas seulement ma chair et mes os s’abimant sur le sol, pas seulement mon coeur qui s’affale et mon âme qui dégringole.
Ma chute c’est te voir toi, lui, eux, continuer leurs chemins sans jamais réussir à vous rattraper.

lundi 28 janvier 2013

Solitude d'une étoile

Depuis le ciel j’aperçois cette myriade de lueurs : étincelles, enseignes chatoyantes, ampoules dorées, bougies au sommet d’un gâteau, réverbères usés, flammes endormies.
Puis une à une elles s’éteignent. Comme un vent d’hiver qui vient souffler les dernières flammèches, un voile de ténèbres se replient sur le monde. Inexorablement mon ombre est submergé par cette masse obscure.
Je me débat, j'essai de garder la tête hors de cette océan d’encre mais plus je lutte et plus je m’enlise. La terreur fait place au désespoir, résigné, il ne me reste plus qu’a m’enfoncer dans la nuit.

Je me retiens de respirer aussi longtemps que je peux, avant que le néant n’infiltre mes poumons, je suffoque de se vide. Mes membres semblent avoir disparus, il n’y a plus de sensation, frissons, chaleurs, douleurs, tout à disparu. Un voile sombre recouvre ma vue.
Je ne suis plus qu’une conscience qui bascule vers les abysses.
Petit à petit je me laisse aller, l’esprit vagabonde et s’éparpille. Bercer par ce voyage sur le Styx je suis tenté de fermer les yeux. Mon âme dérive dans ce qui s’apparente à la fin du monde, pourtant la chute est sans fin. Il faut me ressaisir, avant de complètement m'habitué au noir.

Et puis au loin, un minuscule point attire mon attention, avec le dernier brin de volonté qu’il me reste je traine le souvenir de mon corps vers cet intrus. C’est la chose la plus belle que j’ai vu et ce sont bien mes yeux qui la voit. Elle m’éblouit tellement que je dois me protéger avec mes mains, elles sont de nouveaux là elles aussi. A mesure que je me rapproche de cette chaleur, le froid s’échappe de moi, sensations retrouvées.

Les contours de ce monde se dessinent, quatre traits et un cercle forment le croquis enfantin de mon être.
Ma silhouette difforme se précise : bras, jambes, buste, tête, oreilles, presque un homme à nouveau.

Elle est toute proche, maintenant que j’ai des jambes je me met à courir vers elle, mon coeur bat à tout rompre, si fort qu’il en devient douloureux, ça fait mal de vivre, je me rappelle maintenant.
Mes pieds s’enfoncent dans un sol instable, un sable d’obsidienne qui glisse entre mes orteils, la mémoire du corps me procure des sensations grisantes.

Un visage apparait peu à peu derrière cette lumière chaleureuse. Quel bonheur, cette lumière que je cherchais depuis toujours c’est la promesse de la fin de la solitude. Encore un peu et bientôt nous serons réunis.

Je tend ma main vers lui et il en fait de même, mon corps en transe frémit de joie, je reprend péniblement mon souffle.
On se sourit mutuellement, puis un détail m’inquiète, les cicatrices sur se corps me sont étrangement familières, ces yeux ont le même éclat. Je réalise soudain que mon propre corps est lumineux sinon comment pourrais je le discerner dans ces ténèbres.
Nos doigts finissent pas se rencontrer, le contact est froid et lisse comme de la glace, les gestes sont parfaitement mimés. La joie fait place à l’amertume et tel la succession des saisons, se sont toutes les émotions humaines qui me traversent.

Et de là haut, se sont les étoiles qui ricanent de se spectacle, sures que même la plus brillante d’entre elles est aussi la plus solitaire.