J'aurais voulu te faire croire que j'avais traîné toute la nuit dans la ville. Non, au lieu de ça, j'ai déambulé dans les rues comme un fantôme. J’ai cherché la route jusqu'à chez moi.
J'ai attendu l'ascenseur dans le noir, puis je suis rentré dans mon appart, presque vide, un verre à moitié plein et quelques miettes dispersées sur la table. Perturbant les ténèbres qui régnaient chez moi ; le générique d’un film qui défilait inlassablement, une liste de noms d’inconnus.Brusquement une angoisse m'étreint, est-ce que je suis bien chez moi ? Je ne reconnais plus rien, je fais le levé de rideau ; dans l’obscurité j’observe, les ombres dansent sur les murs comme des démons, rien de tout cela n’est à moi, rien de tout cela n’est moi, je me retrouve sur cette scène, les costumes et les illusions de notre comédie sont restés abandonnés, éparpillés un peu partout au milieu du décor. Et moi je suis là, mon texte, mes mots, mes envies, mes espoirs, mes craintes, rien de tout cela ne correspond au cadre. Peut être me suis-je tout simplement trompé de représentation ?
Je pénètre dans la chambre, un étranger dort dans mon lit, bientôt je devrais me coucher près de cet homme, si proche de moi et tellement éloigné en même temps. Pour la première fois je comprends une chose ; la distance, la vraie, celle qui sépare vraiment les êtres, elle est dans nos têtes. Horreur, je réalise que je ne me suis pas trompé, sauf que je joue la mauvaise scène, j’ai quelques chapitres de retard et le théâtre est désert, les projecteurs sont éteints, je suis seul avec mon script, comme dans un mauvais rêve. J’ai beau en tourné toutes les pages, celles qui suivent sont vierges, désespérément blanche et je me perds dans ce désert immaculé.
Alors je me mets à cherché frénétiquement, où vais-je, que dois-je faire ? J’essaye un chapeau, j’échange les masques, je cherche la deuxième paire de ma chaussure. En vain. Il n’y a plus de rôle à ma mesure, je ne rentre déjà plus dans le déguisement que je portais hier encore.
J’hésite, je m’inquiète, je doute, puis, je choisis ; je cesse de jouer mon rôle tragi-comique. Je quitte la scène pour retourner sur les routes. Je regarde derrière moi un instant, et je vois les vallons, les collines, les villages, les lacs que j’ai déjà traversé. Je ne reste pas trop longtemps à contemplé le chemin parcourut. Devant moi il y a d’immenses plaines, des montagnes, de grandes villes et l’océan, qu’il me reste encore à traversé et à découvrir !
Mais j’ai le temps, le monde tourne sur lui-même si vite qu’on ne prend plus le temps de respirer, de profité, d’admiré le paysage, moi je veux tout voir. J’avance, comme je l'ai toujours fait, moi qui n'ai aucun sens de l'orientation, au hasard, j'emprunte des passages, des faux raccourcis, des chemins détournés, je fais des rencontres, j'aime, je déteste, je prends, je quitte, je me trompe, je grandis. Et finalement je retrouve toujours ma route, j'ai quelques fois traversés des buissons de ronces et des déserts, les écorchures cicatrisent avec le temps alors je continue de sourire.L’important, aujourd’hui je crois l’avoir compris, ce n’est pas tant le chemin parcourut ou la destination, que les bons moments que j’ai vécu et les souvenirs que j’emporte avec moi. Alors ne t’inquiète plus pour moi maintenant.