lundi 28 janvier 2013

Solitude d'une étoile

Depuis le ciel j’aperçois cette myriade de lueurs : étincelles, enseignes chatoyantes, ampoules dorées, bougies au sommet d’un gâteau, réverbères usés, flammes endormies.
Puis une à une elles s’éteignent. Comme un vent d’hiver qui vient souffler les dernières flammèches, un voile de ténèbres se replient sur le monde. Inexorablement mon ombre est submergé par cette masse obscure.
Je me débat, j'essai de garder la tête hors de cette océan d’encre mais plus je lutte et plus je m’enlise. La terreur fait place au désespoir, résigné, il ne me reste plus qu’a m’enfoncer dans la nuit.

Je me retiens de respirer aussi longtemps que je peux, avant que le néant n’infiltre mes poumons, je suffoque de se vide. Mes membres semblent avoir disparus, il n’y a plus de sensation, frissons, chaleurs, douleurs, tout à disparu. Un voile sombre recouvre ma vue.
Je ne suis plus qu’une conscience qui bascule vers les abysses.
Petit à petit je me laisse aller, l’esprit vagabonde et s’éparpille. Bercer par ce voyage sur le Styx je suis tenté de fermer les yeux. Mon âme dérive dans ce qui s’apparente à la fin du monde, pourtant la chute est sans fin. Il faut me ressaisir, avant de complètement m'habitué au noir.

Et puis au loin, un minuscule point attire mon attention, avec le dernier brin de volonté qu’il me reste je traine le souvenir de mon corps vers cet intrus. C’est la chose la plus belle que j’ai vu et ce sont bien mes yeux qui la voit. Elle m’éblouit tellement que je dois me protéger avec mes mains, elles sont de nouveaux là elles aussi. A mesure que je me rapproche de cette chaleur, le froid s’échappe de moi, sensations retrouvées.

Les contours de ce monde se dessinent, quatre traits et un cercle forment le croquis enfantin de mon être.
Ma silhouette difforme se précise : bras, jambes, buste, tête, oreilles, presque un homme à nouveau.

Elle est toute proche, maintenant que j’ai des jambes je me met à courir vers elle, mon coeur bat à tout rompre, si fort qu’il en devient douloureux, ça fait mal de vivre, je me rappelle maintenant.
Mes pieds s’enfoncent dans un sol instable, un sable d’obsidienne qui glisse entre mes orteils, la mémoire du corps me procure des sensations grisantes.

Un visage apparait peu à peu derrière cette lumière chaleureuse. Quel bonheur, cette lumière que je cherchais depuis toujours c’est la promesse de la fin de la solitude. Encore un peu et bientôt nous serons réunis.

Je tend ma main vers lui et il en fait de même, mon corps en transe frémit de joie, je reprend péniblement mon souffle.
On se sourit mutuellement, puis un détail m’inquiète, les cicatrices sur se corps me sont étrangement familières, ces yeux ont le même éclat. Je réalise soudain que mon propre corps est lumineux sinon comment pourrais je le discerner dans ces ténèbres.
Nos doigts finissent pas se rencontrer, le contact est froid et lisse comme de la glace, les gestes sont parfaitement mimés. La joie fait place à l’amertume et tel la succession des saisons, se sont toutes les émotions humaines qui me traversent.

Et de là haut, se sont les étoiles qui ricanent de se spectacle, sures que même la plus brillante d’entre elles est aussi la plus solitaire.

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